lundi 11 janvier 2016

Les deux IVG d'Hélène

J’ai eu recours 2 fois à l’IVG et je voudrais apporter mon vécu très différent de ces deux expériences pour que les femmes qui y ont recours sachent qu’elles ont le droit au respect et soient prévenues des manœuvres honteuses de certains médecins anti-IVG, et qu’elles n’hésitent pas à claquer la porte d’un praticien qui ne les respecte pas pour aller voir un médecin qui fait correctement son travail. Une femme avertie en vaut deux ;)

La première fois, j’ai 19 ans, je suis avec mon premier amour depuis 2 ans, et à la suite d’un oubli de pilule je m’aperçois pendant les vacances d’été que je suis enceinte…  Nous sommes tous les deux étudiants, sans ressources, et nous décidons de recourir à l’avortement.



Le médecin que je vois en premier me dirige vers l’hôpital du coin qui pratique des IVG. Le gynécologue de l’hôpital est glacial, il me rabaisse tant que je me sens comme une moins que rien, il me fait une écho en me laissant bien voir tout et en assortissant son examen de commentaires sur « le bébé qui va très bien »… J’ai juste la force de fondre en larmes à la sortie de l’hôpital. Après la semaine de réflexion, je reviens le voir, il me donne sans plus de commentaire les premiers comprimés, et les seconds à prendre chez moi deux jours plus tard. Je lui pose timidement la question de la douleur et il me rétorque « et bien oui ça fait mal qu’est-ce que vous croyez, vous prendrez du Doliprane » Merci –au revoir.

Le surlendemain je prends les comprimés et une heure plus tard des nausées et des douleurs atroces me saisissent. Je n’ai jamais eu aussi mal de toute ma vie, ça se calme heureusement au moment où j’expulse l’œuf. Je saigne pendant 3  semaines et cet IVG me traumatise durablement.

La seconde fois, 5 ans plus tard, toujours avec mon premier amour, je suis sous diaphragme et je tombe à nouveau enceinte, cette fois sans erreur de ma part. Notre situation financière n’est pas des plus florissantes car nous sommes tous deux en CDD précaire, et nous ne pouvons pas nous permettre d’accueillir un enfant. 

J’appréhende énormément ce nouvel IVG, je décide d’aller voir le Planning Familial que je pense être plus « humain » que certains autres médecins. Malgré tout je suis en larmes dans la salle d’attente. Une conseillère nous reçoit, très douce, elle me demande pourquoi je pleure comme ça et sa gentillesse me fait redoubler de larmes, je parviens à lui déballer tout ce que j’ai sur le cœur concernant mon IVG précédent. Elle trouve les mots pour me rassurer et me déculpabiliser. Nous parlons de mon choix et de la méthode que je souhaite utiliser, elle m’explique que vu mon terme j’ai la possibilité d’avorter par médicaments dans leur centre, ou sinon qu’ ils travaillent en partenariat avec un hôpital si je souhaite faire un IVG par aspiration. J’appréhende l’opération autant qu’un nouvel IVG par médicament, je lui explique que j’avais souffert énormément pour mon précédent IVG. Elle est indignée d’apprendre que le médecin n’avait pas pris la peine de me prescrire autre chose que du Doliprane, et m’explique que chez eux ils ont un protocole très précis pour éviter la douleur, une heure avant la prise du Cytotec il faut prendre deux comprimés de Lamaline (un opiacé très costaud) et de l’ibuprofène, afin de bloquer la douleur avant qu’elle n’arrive. Un peu rassérénée je me décide pour l’IVG médicamenteuse, et je vais faire l’échographie obligatoire.

Cette fois le radiologue m’explique que pour les IVG il éteint l’écran visible de la patiente, il fait son examen sans commentaires et me tend la pochette fermée, probablement pour que je ne vois pas d’images, en me disant que tout est dedans et que je n’ai qu’à la remettre au médecin, son tact me fait beaucoup de bien.

Pour la première prise de médicaments, je vois la médecin du Planning, nous faisons un point sur ma contraception et vu ma fertilité elle me conseille plutôt le stérilet que le diaphragme qui a un taux d’efficacité pas forcément optimal. J’ai vraiment le sentiment d’être écoutée, elle me redonne les conseils pour éviter la douleur, prendre les anti-douleurs une heure avant le Cytotec, renouveler la prise même si on n’a pas mal pour éviter  que la douleur ne s’installe. Elle me prescrit également un anti-émétique pour éviter que je vomisse le Cytotec comme la première fois.

Le jour J, j’applique ses recommandations à la lettre tout en appréhendant beaucoup la douleur qui va suivre. J’ai l’impression qu’il ne se passe rien, et au bout d’une heure alors que je n’ai strictement aucune douleur je commence à expulser des énormes caillots. Ca se poursuit pendant les 4 heures suivantes, pendant tout ce temps j’ai eu au maximum comme des douleurs faibles de règles. Cette fois je ne vois pas d’œuf, juste des caillots. J’ai des saignements moins importants, pendant une dizaine de jours, et à la visite de contrôle tout va bien. J’en profite pour me faire poser un stérilet.

Je voudrais redire aux femmes qui passent par là que personne ne peut et ne doit les juger ou mépriser leur choix. Une femme qui a recours à l’IVG n’est pas une patiente au rabais qui mérite d’être maltraitée ou d’être punie en étant privée d’analgésiques, c’est barbare et inadmissible. Ne vous sentez pas en situation de faiblesse et n’hésitez pas à dénoncer les abus de certains médecins, c’est eux qui sont en tort et pas vous. Courage à toutes :)

Hélène

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