jeudi 24 avril 2014

J'ai avorté par pilule en 2006 - Le témoignage de Zia

En 2006, enceinte de 4 semaines, j'ai décidé d'avorter. La raison principale était que la relation dans laquelle j'étais était bien trop récente (4 mois) pour prendre un engagement si important que celui d’avoir un enfant.

Ce fut une décision évidente sur le plan de la raison, mais bien plus compliquée sur le plan des émotions. En effet, entre les hormones de grossesse qui me rendaient hyper sensible et cet attachement si précoce à ce petit être que je portais, l'envie de garder cette vie était très forte et me chamboulait totalement.

J’ai vécu un des choix les plus difficiles de ma vie : un choix impossible car aucune décision ne me convenait réellement.
Mais après de longs mois de souffrance psychologique, j'ai compris que le bon choix est celui que l’on prend, quel qu’il soit. Un bon choix est celui que l’on finit par assumer (même si c’est difficile au départ). Faire un choix, c’est renoncer à certaines choses. Or, dans la vie, on doit apprendre à choisir et aussi à renoncer. Et surtout, à ne pas vivre avec des regrets. Ma gynécologue m’a dit un jour : « Il faut laisser couler les choses comme l’eau sur les plumes d’un canard. » Elle a raison. Il faut avancer et continuer de vivre avec joie !

Je ne regrette donc pas mon choix d’avoir avorté, car je ne pourrais maintenant pas concevoir d'avoir un enfant d'un homme que je n'aimais pas et qui m'a fait autant souffrir. Avoir un enfant de l’amour, c’est ça que je voulais et que je souhaite réellement à tout le monde. Je l’ai compris bien plus tard. Mais en disant cela, je ne critique en aucun cas le choix de celles qui décident de garder un enfant qu’elles n’ont pas voulu !

Car, et c’est là ma plus grande conviction : le corps d’une femme n’appartient qu’à elle-même, et les choix qu’elle peut faire (avorter ou pas), n’appartiennent réellement qu’à elle ! A personne d’autre. Ni à son mari, ni à sa famille, ni à son entourage, ni à la société, ni au corps médical, ni à une aucune religion. Bien trop de gens jugent ces choix-là alors qu’ils devraient simplement écouter et soutenir.
En cela, je milite en faveur du droit à l’avortement, mais aussi en faveur du devoir de soutien affectif, psychologique et moral des femmes qui souffrent (quel que soit le choix qu’elles font).
L’avortement est un déchirement intérieur, émotionnel, affectif, et physique. Quoi qu’on en dise. Mais avec de l’amour, du soutien et du temps, c’est quelque chose que l’on surmonte. C’est souvent un choix difficile, mais c’est un droit inaliénable.

Voici maintenant un récit plus détaillé de mon expérience concernant l’avortement par pilule :



Ne voulant en aucun cas avorter dans une structure médicale, j’ai demandé au planning familial où j’avais fait une échographie de datation d’obtenir la liste des gynécologues pratiquant l’avortement « en ville ». Ça s’est très mal passé avec la personne du planning familial qui, dans un premier temps, a refusé de me fournir la liste en question (alors qu’elle n’en a pas le droit). Une fois la liste enfin obtenue, j’ai été voir dans la journée une gynécologue en ville.
Celle-ci m’a donné les pilules à trois jours d’intervalle (1er jour pour arrêter la grossesse, 3ème jour pour déclencher l’expulsion).

J’ai avorté comme j’avais voulu, chez moi. Ca, au moins, ça m’appartenait, après avoir été malmenée par le planning familial et mon ami de l’époque qui avait d’ores et déjà commencé un vrai travail de sape moral (qui a duré 3 ans) en me culpabilisant au sujet de l’expression des émotions très fortes que je ressentais. Sans commentaire.

Lors de la phase d’expulsion, je n’ai ressenti aucune douleur. Au contraire, j’étais enfin libérée des nausées !
J’ai ensuite eu quasiment un mois de « règles » abondantes. L’impact psychologique est important sur le moment, j’avais l’impression que mon corps pleurait du sang, et je n’en pouvais plus. Il m’a fallu de longs mois pour me réapproprier mon corps, ne plus me sentir sale, ne plus culpabiliser

Cette méthode d’avortement par pilule procure une décharge hormonale très forte, et je ne suis pas sure qu’elle n’ait pas fragilisé mon organisme et mon immunité (à quoi on peut ajouter ma dépression qui n’a pas arrangé les choses). La question restera toujours là : est-ce que cette décharge d’hormones et ma dépression ont eu une influence sur l’apparition d’une dysplasie de niveau II sur mon col utérin, 2 ans plus tard, m’obligeant à faire pratiquer une conisation du col pour éviter une dégradation possible de la dysplasie en stade III et éventuellement cancer ?
Je ne le saurai jamais, mais je pense que ces hormones ne sont, in fine, pas souhaitables pour le corps. Dois-je alors conseiller un avortement par curetage ? Ce choix cornélien (à nouveau) est de la responsabilité de chaque femme, à qui revient le devoir de se renseigner pour choisir la méthode qui lui convient « le mieux » (indépendamment des pressions du corps médical, de son entourage, etc.).


Pour finir, je conseillerais aux femmes de bien choisir leur compagnon, de ne pas se mentir à elles-mêmes concernant leur bonheur, leur choix de vie, pour que, si grossesse surprise il y a, le choix d’avorter ou pas soit vécu de la manière la plus sereine possible.
Défendons le droit d’avorter, le droit d’avoir le choix, le droit de ne pas risquer sa vie (en avortant clandestinement).
On n’a qu’une vie, vivons-la de la façon la plus heureuse possible, et vite. Se chercher prend du temps, alors ne nous égarons pas trop longtemps, ne nous perdons pas trop de vue… C’est si bien d’être heureux, d’être bien avec soi et les autres !

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