dimanche 20 avril 2014

Le témoignage d'Anne - Avortement en Indonésie par aspiration.

Bonjour à toutes,

Je tiens à témoigner de mon expérience parce que quand j'ai dû prendre la décision d'avorter, je n'ai pas trouvé de commentaires récents sur le sujet de l'avortement, principalement l'avortement par aspiration.

Ma petite histoire: Je suis partie faire un stage en Indonésie pour une période de 4 mois. Etant donné que mon petit ami ne venait pas avec moi j'avais arrêté de prendre la pilule, par soucis d'économie et parce que je pensais ne pas en avoir besoin. Sauf que ma relation à distance avec mon petit ami a prit une drôle de tournure et après une soirée arrosée, ce qui devait arriver, arriva. On devrait noter sur les bouteilles d'alcool que boire peut vous mettre enceinte...

On a prit nos précautions, mais pas correctement il semblerait, un mois plus tard, j'apprenais que j'étais enceinte.



Ici la loi pour l'avortement est très restrictive; 6 semaines et bébé ou maman en danger. Ça n'était pas mon cas. Entre temps les relations avec mon petit ami actuel sont redevenues celles qu'elles étaient avant que je parte et la nouvelle m'a terrifiée, j'allais être maman d'un bébé que je n'avais pas voulu ET j'allais perdre l'homme de ma vie.

J'ai fait une énorme bêtise ce soir là et je le sais, j'avais honte d'en parler et voulais garder ça pour moi mais je n'ai pas pu, j'en ai parlé à mon petit ami qui m'a dit que l'on aurait beaucoup de mal à surmonter ça mais qu'il n'était pas sur de vouloir me quitter. Savoir qu'il puisse rester avec moi après ça a été un choc et j'ai eu le déclic: je voulais avorter.

J'en ai parlé à ma maman infirmière pour finir et à mon plus grand étonnement, elle a été très gentille et ouverte. Il ne faut pas avoir peur de parler. Aujourd'hui c'est plus ou moins acceptés et quand c'est nos proches, ils savent que l'on est au courant qu'on a fait une connerie, et qu'on regrette, ils n'ont pas besoin de nous faire la morale, on se la fait nous même, ils savent que c'est une décision très difficile, d'autant plus pour moi qui suis à des milliers de kilomètres, et la seule chose qu'ils ont voulu faire c'est me soutenir du mieux qu'ils pouvaient par ordinateur.

Savoir mes parents au courant et là pour moi, m'a amenée à me rendre à l'hôpital. Ma décision était claire, je n'hésitais pas. Une collègue m'a trouvé un hôpital privé avec un très bon médecin qui a du pratiquer une IVG sur elle deux fois pour cause de mauvaise santé. Etant privé, les conditions sanitaires sont meilleures et le prix fait qu'on prend soin de vous, ou plus ou moins.

J'avais par contre terriblement peur de l'anesthésie générale. Et il n'était pas possible de le faire en local. J'étais enceinte de 6 semaines. Finalement, ma collègue a pu rester près de moi tous le long de l'opération et donc je me suis endormie sereine... plus ou moins... de savoir sa main sur mon cœur.

Normalement l'opération dure environ 10 minutes et le réveil deux heures. Je me suis réveillée juste après les 10 minutes et la douleur était intense mais n'a pas duré, comme lorsque j'ai eu mes premières règles, je me suis tortillé, j'ai reçu un antidouleur et une heure après j'étais debout prête à manger !

Je suis restée une heure uniquement pour m'assurer que tout allait bien et que je n'allais pas tomber en me relevant avec tous le sang perdu. Mais après 20 minutes j'étais en pleine forme, soulagée de l'avoir fait et d'avoir le ventre vide. Pendant tout mon processus de décision je me suis persuadée que ça n'était qu'un œuf et sur l'écho juste avant je n'avais vu qu'un rond, donc au réveil ma collègue m'a regardée et m'a dit : "plus d’œuf".

C'est très bête mais vraiment, il faut penser comme ça. Je ne voulais pas le vivre mal et donc j'ai fait en sorte de le vivre bien et ça a marché.

On m'avait dit que j'allais perdre beaucoup de sang mais ça été, je n'ai mit que des protège-slip, et pour être dans les détails, j'en ai peut-être rempli 2... pour vous dire : ça va ! J'ai peut être eu de la chance mais là ça fait une semaine et je n'ai presque plus rien. J'ai pris des antibio pour être sur de ne pas avoir d'infection. Et des antidouleurs le lendemain parce que j'avais des douleurs de règles et que je n'avais pas envie d'avoir mal, pour ne pas y penser.

Depuis je me sens bien. Fatiguée au début mais libérée.

Je pensais que j'allais vivre seule la pire épreuve de ma vie et que je l'avais mérité. Mais non, personne ne mérite de voir sa vie gâchée et ma vie c'est finir mes études et trouver un bon emploi, grimper dans les échelons et PEUT-ETRE un jour avoir des enfants. Ça n'était pas ma priorité et ça ne l'est toujours pas.
Il faut juste être sur de ce que l'on veut, et prendre la décision seule avec le soutien de ses proches, ou des aides qui nous sont proposées.

J'ai appelé fil santé une nuit après l'opération parce que je me sentais mal, on s'imagine vite des choses et comme c'était la nuit en France, mes proches dormaient et je ne voulais inquiéter personne. Si vous êtes seules, je suis tombée sur un médecin, elle a été très gentille et attentive. Il ne faut pas avoir peur, on est jamais seule. Si vous le voulez vraiment faites-le.

Je l'ai fait en Indonésie dans une salle ouverte sur l'extérieur et je suis en vie, en forme, et apte a refaire des enfants dans 3 mois si je veux selon le médecin. Alors si vous êtes en Europe, n'ayez peur de rien, les conditions sont biens meilleures.

On ne gâche pas sa vie, on a le droit de décider, il faut le faire : décider pour soi et pour le bébé à venir : aurait il aimé avoir une vie sans papa parce que sa maman était un peu libertine... je ne suis pas sure et moi qui me dit que je ne lui aurais pas reproché toute ma vie de m'avoir empêché de poursuivre mes rêves jeune ? Et puis financièrement, j'ai mon diplôme dans 3 mois oui mais après, trouver un travail avec un ventre de baleine, pas évident ! Et puis j'étais tellement malade (nausée) je ne pouvais plus me concentrer alors mon diplôme était un peu remis en question...

Ce témoignage c'est pour vous dire qu'on peut se sentir bien après.

J'ai eu mes règles pendant une semaine, il faut voir le sang qu'on perd après comme les règles qu'on attendait quelques jours plus tôt et qui sont enfin là.

Je conseille vivement cette manière d'avorter à la méthode médicamenteuse. Une fois l'opération finie, la douleur se supporte très bien avec des antidouleurs et les saignements sont moins abondants, voir pour moi presque inexistants.

Par médicament : on vit son IVG les yeux ouverts m'a dit la doc du fil santé, par aspiration avec anesthésie générale, vous vous endormez, faites des cauchemars peut-être avec le produit comme moi, puis au réveil vous avez vos règles et puis voilà.

Je ne veux pas banaliser cette acte, je veux juste que les jeunes filles comme moi, n'aient pas peur.
Le fait de me faire opérer, je me sentais obligée de garder le bébé. J'avais la corde au cou.
Je veux pouvoir rassurer celles qui ont peur comme j'ai eu peur.
Si c'est ce que vous voulez, faites le, tout va bien aller.

C'est pas une décision facile à prendre je sais mais savoir que si l'on choisi l'IVG par aspiration on ira bien après, permet de se sentir plus libre de choisir.

Personnellement je n'étais vraiment pas prête, aujourd'hui je n'ai pas de problèmes psychologiques à cause de ce que j'ai fait. J'ai peur d'avoir plus de mal à tomber enceinte si un jour j'en ai envie ou que ça se passe mal, mais je suis optimiste et je veux croire en ma bonne étoile.

La seule chose qui me fait pleurer aujourd'hui est la même qu'à mon arrivée, m'endormir seule sans mon amoureux à côté de moi, parce qu'aujourd'hui, entre nous, tout va bien et j'ai hâte de rentrer et de le prendre dans mes bras.

Courage les filles.
Vous êtes pas seules !

2 commentaires:

  1. Bonjour, je suis tres ému par votre témoignage.
    Ayant une amie dans le même cas, pouvez vous me transmettre les coordonnés de la clinique ou d'une personne pouvant nous aider ?

    Merci beaucoup
    Chaleureusement pierre

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